Bonjour,Nous allons maintenant à la rencontre de Philippe Salats (87), Directeur Administratif et Financier de Zodiac Aérospace. Les délégués du Groupe Finance
Bonjour Philippe,
Merci de nous recevoir.
Tu es Directeur Administratif et Financier de l’une des trois divisions du groupe Zodiac Aerospace, acteur majeur de l’industrie aéronautique. Nous avons souhaité te rencontrer pour faire découvrir ton parcours aux ESCP Europe.
Tu intègres en 1984, quel étudiant étais tu ?
Pendant ces années à l’école, j’avoue en avoir bien profité : campagne BDE, Ski Club, Projexport… J’étais très engagé dans la vie de l’école. J’ai également ouvert un cours de rock qui a rassemblé jusqu’à 80 élèves, ce fut un grand succès.
En troisième année, j’ai choisi une option marketing et, une fois le diplôme en poche, j’envoie quelques CV dont l’un d’entre eux à L’Oréal.
Tu démarres donc par un premier poste en marketing ?
Pas vraiment. En fait, je suis convoqué aux entretiens et je rencontre l’une des figures du recrutement de l’époque chez L’Oréal : M Doillon, qui était notamment en charge de voir si nous avions le profil maison ou pas. A l’issue de cet entretien, il me confie qu’il me voit tout à fait en … finance !
Un peu déçu, je me dis que ma candidature n’est donc pas retenue. Mais quelques jours plus tard, je reçois la proposition de L’Oréal : départ en VIE pour l’Autriche en tant que contrôleur de gestion. Il s’agissait de la filiale de distribution de produits sélectifs, parfums et produits de beauté.
Comment se passe cette première expérience?
C’est dans ce poste que j’apprends les bases du contrôle de gestion, de la comptabilité et de la trésorerie. J’y reste deux ans de 1987 à 1989. L’avantage est que c’est une entreprise à taille humaine, ce qui me permet de me familiariser avec un maximum d’aspects de la fonction finance et de l’activité de l’entreprise elle-même.
Je me suis beaucoup plu dans ce poste qui a été l’occasion de vivre de premiers changements : j’ai participé à la mise en place d’un nouveau système informatique. J’ai vu l’arrivée des premiers tableurs (Quattro Pro). C’était une époque où nous n’avions que 3 ou 4 PC dans toute la filiale. Autant dire que la révolution informatique était largement devant nous.
Et à l’issue de ce VIE, que se passe-t-il ?
L’Oréal me propose une belle promotion : un poste de trésorier de l’une des sous holdings du groupe, Cosmétique Active. Je reviens donc à Paris en 1989 et découvre les différents aspects du métier de trésorier : les relations avec les banques, la gestion du change. Je me familiarise aussi avec les opérations de haut de bilan, la gestion de la politique de dividendes des filiales…
Mais j’éprouve alors le besoin de consolider mes compétences académiques, je suis tenté par un MBA en Finance aux Etats-Unis. En 1990, je suis reçu à l’Université de Columbia en Finance et je passe deux années formidables à New York à étudier auprès d’experts reconnus et de praticiens travaillant à Wall Street.
Comment vois tu ton avenir à la sortie de ce MBA ?
Diplômé en 1992, je souhaite trouver un poste de responsable financier le plus complet possible et je souhaite aussi rester trilingue. Je retourne donc en Allemagne.
Je prends un poste de directeur financier dans une filiale de Saupiquet avec des responsabilités sur la finance y compris la trésorerie et l’administration des ventes. Je manage alors une équipe de 6 personnes. Je retrouve le fonctionnement d’Outre Rhin : d’importantes phases de discussion et de concertation puis des décisions que personne ne s’autorise plus à remettre en cause.
La filiale change néanmoins de statut et je décide alors de revenir en France.
Comment se passe le retour dans l’hexagone ?
Début 1993, je démarre une expérience très riche et très intense de 7 années dans le groupe Alcatel. J’enchaine deux premiers postes dans le domaine du spatial qui me permettent d’exercer différents types de responsabilités : contrôle financier et financement de projets à Toulouse puis Fusions Acquisitions à ParisJe fais alors partie de la petite équipe qui a géré intégralement le processus qui a aboutit à la privatisation du groupe Thalès qui se nommait alors Thomson CSF.
En 1998, je suis nommé Directeur Financier de la division Enterprise Solutions, qui fabriquait et commercialisait des commutateurs télécoms pour environ 1 milliard de chiffre d’affaires. J’étais le plus jeune du groupe à ce poste et étais sollicité constamment par le Président de la division pour lui donner une vision financière sur tous les projets qu’il avait. Ce poste m’a en outre donné l’opportunité d’être exposé régulièrement au PDG d’Alcatel que je rencontrais tous les mois lors de « business reviews » et d’être partie prenante de la stratégie et du pilotage de la division.
Je n’a pas eu le temps de m’ennuyer au travers de cette expérience : les responsabilités se succédaient, toujours plus intéressantes et j’ai eu la chance d’être soutenu par un véritable mentor tout au long de ces années.
Tu es alors tenté par les nouvelles technologies ?
Oui, en 2000, je suis sollicité par une société technologique dans laquelle CISCO avait investi de façon importante. Elle recherchait son DAF pour préparer, à terme une IPO. Cette société avait développé un logiciel à destination des opérateurs télécoms et des fournisseurs de contenu. Notre business model était relativement original puisqu’il reposait sur un équilibre du partage de la valeur entre les propriétaires de canaux et ceux de contenus. Nous étions objet d’étude pour des cabinets de conseil réputés : Andersen, Mac Kinsey, BCG avec qui nous avions de nombreux échanges.
Ce poste a été très enrichissant : j’ai du créer une Direction Financière ainsi qu’une Direction des Ressources Humaines. J’ai également créé une filiale aux Etats-Unis et j’ai mené des road-shows pour réaliser 3 levées de fonds d’un montant total d’une vingtaine de millions d’euros.
Nous avions la réactivité d’une PME de 40 personnes conjuguée aux moyens et au niveau d’exigence d’un grand groupe. Mais les perspectives n’étant pas suffisamment atrayantes, la société a été liquidée et la trésorerieabondante remontée aux actionnaires.
Tu reprends alors la direction de l’aéronautique et de l’espace ?
En 2003, je me réinterroge sur ce que j’ai envie de faire et je finis par me dire que je souhaite être DAF d’un groupe international à taille humaine.
J’entre donc en tant que DAF de l’une des 3 divisions de Zodiac Aerospace, représentant 700 millions d’euros de chiffres d’affaires et 4500 salariés. Cette division était auparavant un groupe coté (Intertechnique) qui a fait l’objet d’un rachat. Elle est spécialisée dans l quelques systèmes essentiels d’avions : distribution électrique, gestion du carburant, système d’oxygène, en fait des systèmes indispensables à un bon fonctionnement de l’appareil mais qu’on ne devine pas quand on prend l’avion.
Je découvre un poste très complet, assisté d’une équipe d’une quarantaine de personnes : gestion du change, fusions acquisitions, juridique et fiscal en plus de toutes les missions classiques d’une direction financière. Et notre activité couvre tous les continents : Etats-Unis, Asie, Moyen Orient.
Cette internationalisation est indispensable car nous assurons la vente mais aussi le service après vente de nos produits sur tous les grands aéroports internationaux. Comme les attentes de nos clients sont d’intervenir vite, quelle meilleure façon pour y parvenir que de les suivre là où ils sont ?
Finalement, la prédiction du recruteur de L’Oréal semble s’être réalisée. Qu’en penses-tu ?
Effectivement ce recruteur avait raison, j’aime ce métier dans lequel je m’épanouis parfaitement. J’avoue que je suis heureux de ce parcours et de pouvoir aujourd’hui exercer mes fonctions dans un environnement responsabilisant avec une large autonomie. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve mais je compte bien poursuivre dans cette voie.
En dehors de ton travail, que fais-tu de ton temps libre ?
Je danse toujours beaucoup et je fais pas mal de sport : je pars prochainement pour pratiquer la planche à voile au Venezuela.
Je fais un voyage dépaysant par an. J’ai beaucoup aimé mon séjour à Madagascar pour son côté nature, très préservée du tourisme de masse. C’est un pays authentique et l’un des rares où le tourisme en dehors des sentiers battus relève encore un peu de l’aventure.
Quel est ton message aux jeunes diplômés ?
Je dirais aux plus jeunes d’entre nous de ne pas hésiter à travailler à l’étranger. L’ouverture à l’international me parait en effet essentielle pour bien maîtriser différentes cultures et façons de faire du business. C’est très important aujourd’hui.
Je leur conseille aussi de faire ce qu’ils aiment car c’est un gage de performance certaine. Faire ce que l’on aime suppose une analyse sur soi et sur ce qui peut nous convenir. Pour ma part, je savais que je voulais être confronté à des situations variées, à avoir une vision globale de l’entreprise.
Philippe, nous te remercions d’avoir bien voulu nous partager ton parcours avec nous.
Avec tous nos meilleurs vœux de succès à toi et aux équipes de Zodiac Aerospace.
Les délégués du Groupe Finance
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