Bonjour Michael, Merci de nous recevoir dans un agenda sûrement bien chargé. Tu es Managing Director au sein de l’activité ECM de la Société Générale. Nous avons souhaité te rencontrer pour faire découvrir ton parcours aux ESCP Europe.
En quelle année es-tu entré à l’école ?
J’y suis entré en 1988, en l’occurrence à l’EAP après une classe préparatoire à Carnot. Je suis admis à la fin de mon année de bizuth et évidemment je m’interroge alors sur l’opportunité de faire carré ou pas. Pour préciser mon choix, je parviens à rencontrer des anciens de l’EAP qui travaillaient dans le marketing et leur discours m’a convaincu d’intégrer sans tarder.
J’étais très enthousiaste d’avoir un format d’études qui permettait d’étudier dans 3 campus différents : Paris Oxford Berlin.
A cette époque, l’EAP n’était-elle pas située en face du Lycée Carnot ?
Effectivement nous étions boulevard Malesherbes. La première année était peu dépaysante car je restais dans le même quartier de Paris mais elle était l’occasion de se retrouver dans une promotion avec des étudiants aux âges différents parmi une douzaine de nationalités différentes. J’ai profité de cette année pour rencontrer les étudiants de l’école et poursuivre le sport, notamment le volley-ball.
J’ai ensuite fait un stage en marketing Grande Conso chez Colgate Palmolive. Je me rends compte que ce n’est pas pour moi. Il m’est en effet assez difficile d’être mobilisé sur le choix des futures caractéristiques (couleur, packaging) de tel ou tel produit. Expérience utile car cela m’a permis de m’en rendre compte.
Comment se passe ton année d’études au Royaume Uni ?
En septembre 1989, je pars à Oxford avec sa vie étudiante très codée. C’est la vie des collèges anglais avec ses lieux et ses méthodes : certains amphithéâtres sont la reproduction parfaite de la Chambre des Communes. Des débatteurs viennent s’y affronter et un vote permet de donner un vainqueur.
Comme la City n’est pas très loin et en plein essor, c’est l’époque où les différentes banques viennent nous proposer de les rejoindre. Je décroche donc un stage chez Indosuez à Londres dans l’analyse crédit. Cela me plait beaucoup par la diversité des secteurs que nous étudions. C’est un travail varié.
Vient ensuite ton année en Allemagne. Qu’as-tu fait à Berlin ?
Je pars ensuite en Allemagne en 1990 alors que le Mur de Berlin vient de tomber quelques mois auparavant. Dans cette ambiance de réunification, j’avoue que je me concentre sur mes études : il y a pas mal de boulot et tout est en allemand ! Je suis diplômé en 1991.
Les obligations militaires existant encore, que décides tu de faire : armée ou coopération ?
J’enchaine avec une coopération à Munich au Poste d’Expansion Economique d’avril 92 à l’été 93. Notre rôle est d’accompagner les entreprises françaises dans leur développement.
Je suis en poste au moment d’un G7 qui se tient précisément à Munich, je suis donc multitâche et cela me permet de découvrir les coulisses d’un tel événement. Quelques temps après a lieu un important salon professionnel pour les sous traitants français dans un contexte où entreprises allemandes et françaises se rapprochent : les prémices de EADS apparaissent à cette époque avec Deutsche Aerospace.
Tout cela en a fait une expérience très enrichissante.
Puis vient le moment de travailler. Quel a été ton premier emploi ?
Mi 93, je me retrouve donc libéré de mes obligations militaires face à un marché de l’emploi qui n’est pas particulièrement porteur, sauf en Allemagne où la réunification entretient un bon niveau d’activité économique.
Je décide néanmoins de rentrer en France et me porte candidat à l’Inspection Générale de la banque Indosuez, qui me retient à l’issue du process de sélection. J’étais attiré par la diversité de situations que ce type de poste permet de rencontrer.
Combien de temps vas-tu rester à l’Inspection Générale ?
Je vais rester près de 4 ans et demi dans ce service d’Indosuez et je vais y gravir les échelons classiques d’un service d’inspection pour devenir chef de mission. Dès mon arrivée, l’aspect international du poste se confirme : je pars pour une mission en Turquie !
Au cours de ces 4 années, ma valise restera toujours prête et j’enchaine les missions d’au moins 3 mois à Hong Kong, Taïwan, Luxembourg, New York… Nous sommes une équipe d’une quarantaine de personnes, passant plus de la moitié du temps à l’étranger. Cela nous permet de découvrir les différents métiers de la banque et de rencontrer de nombreux managers ce qui nous crée un réseau important.
Et comment évolue-t-on après l’Inspection Générale ?
Début 1998, j’arrive au terme du parcours de l’Inspection et je fais part de mon souhait de rejoindre la direction Corporate Finance au M&A d’Indosuez. C’est une nouvelle équipe qui se crée, j’y développe ma compétence sur les institutions financières (FIG). Arrive le rachat d’Indosuez par Crédit Agricole en 1999.
Cela me donne l’occasion de travailler sur la privatisation du Crédit Lyonnais, opération sur laquelle nous intervenions avec JP Morgan et Lazard. Je rencontre le top management de la banque : Jean Laurent, le président du Crédit Agricole à cette époque. Je vis cette évolution du monde bancaire aux premières loges et je découvre les logiques des différents acteurs de cette recomposition du marché bancaire français.
Ce sont aussi les années de la vague internet. Nous avions décroché le mandat de vente de Club Internet pour le compte du Groupe Lagardère et forts de cette expérience, nous avons poursuivi nos opérations sur ce secteur jusqu’au mandat d’introduction en bourse (IPO) de Wanadoo par France Télécom, une opération phare.
A l’été 2000,on me propose de rejoindre la Deutsche Bank qui monte une équipe Corporate Finance à Paris.
Comment se passe cette prise de poste à la Deutsche Bank ?
Je vais rester 5 années dans cette belle institution de l’Avenue de Friedland. Le contexte économique est néanmoins plus difficile : éclatement de la bulle internet, 11 septembre 2001, déclenchement de la guerre en Irak… Deutsche Bank répond à la crise en réduisant ses effectifs.
Le travail est néanmoins très intéressant et cette fois, mon activité évolue compte tenu de la forte capacité de distribution de Deustche Bank sur les marchés actions vers l’Equity Capital Markets (ECM), à savoir le primaire actions, les IPO, les émissions de convertibles.
Notre métier n’est pas marqué par la routine puisque nous travaillons à chaque fois sur une nouvelle opération, néanmoins il faut savoir gérer les périodes de basse activité : il est ainsi arrivé que nous ne fassions pas d’opération pendant près de 6 mois. Il faut donc avoir un certain sang froid pour traverser ces périodes et maintenir l’effort marketing.
Puis tu rejoins la Société Générale. Qu’y fais-tu exactement ?
En 2005, j’ai connaissance d’une opportunité en ECM à la Société Générale via mon réseau. Je saisis cette opportunité car j’avais le souhait de me spécialiser sur l’activité ECM. Ce métier est intéressant car nous sommes à la croisée des clients et des marchés.
J’intègre cette équipe en septembre 2005 et j’en prends la responsabilité fin 2010. Il s’agit d’une équipe de 11 originateurs travaillant sur le marché français, la Belgique et le Luxembourg. Nous développons notre activité avec un certain succès : nous sommes en effet n°1 sur notre marché depuis 3 ans selon les Leagues Tables IFR avec 20% de part de marché (classements publics établis en fonction du nombre et de la taille des opérations réalisées).
Le marché est évidemment très concurrentiel mais notre savoir-faire et nos efforts nous permettent de tirer notre épingle du jeu.
Quel est ton message pour les plus jeunes d’entre nous, qui commencent leur carrière ?
Je dirais aux plus jeunes d’entre nous de suivre leurs intuitions, de faire ce qu’ils aiment. Pour ma part, je souhaitais participer à la vie des sociétés, être au cœur de l’événement et c’est bien le cas !
Je leur conseille aussi de garder contact avec les personnes avec qui ils auront l’occasion de travailler : collègues, clients, fournisseurs, partenaires … Cela permet de se bâtir un vrai réseau qui leur sera bien utile tout au long de leur carrière.
Michael, nous te remercions d’avoir bien voulu partager ton parcours avec nous.
Avec tous nos meilleurs vœux de succès à toi et aux équipes ECM de la Société Générale.
Les délégués du Groupe Finance
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